Fourberies et gueule de bois [Terminé]

Le jeune soldat avait effectivement vu juste. Il y avait bien là un homme qui était étendu contre un arbre du camp. Il était crasseux et avait l'air épuisé. Il avait les traits tirés et le visage plus que pâle, ses yeux étaient cernés. La nuit qu'il venait de passer devait avoir été relativement agitée. Il avait l'air de souffrir, il avait les yeux fermés, les dents serrées et tenait avec fermeté son flanc qui laissait entrevoir d'évidentes traces de sang séché il y avait peu de temps. Quand il entendit les soldats approcher en marchant sur les branches sèches et les feuilles mortes, il ouvrit les yeux. Cet homme, c'était Lucius.

Il n'avait eu que quelques secondes pour se mettre en position et pour jeter dans l'herbe, plus loin, son épée et sa bourse, après le départ de ses amis, mais il était à présent fin prêt pour son grand numéro de comédien. Quand il vit les soldats et principalement Ulderick (qui se détachait nettement depuis son cheval) il sembla prendre quelques fractions de seconde pour réaliser ce qui lui arrivait avant de crier de joie.

"Oh milles diables! Je suis sauvé!"

Il essaya de se lever, mais, sans exagérer nullement la douleur qu'il ressentait vraiment, il retomba en arrière après un râle exprimant la souffrance.

"M... Malpeste... êtes vous là pour me sauver, messeigneurs? J'ai... J'ai eu si peur mon Dieu..."

Nerveusement, comme un homme réellement en état de choc aurait agis, il passait sa main sur son visage, comme si il n'arrivait pas à y croire. Cette fois, le nécromancien jouait sa vie. Il avait néanmoins prévu plusieurs plans de secours si les hommes se montraient trop rusés, ce qui l'aurait surpris nettement à en juger par leurs visages jeunots et leurs airs idiots. En vérité, seul l'officier, aussi blond que Llyk, semblait dégager de l'intelligence et même quelque chose de plus qui faisait penser à Lucius que malgré son jeune âge, il devait avoir déjà un grade important.

"Oh milles diables! Je suis sauvé! M... Malpeste... êtes vous là pour me sauver, messeigneurs? J'ai... J'ai eu si peur mon Dieu..."

En s'approchant, Ulderick remarqua que le pauvre bougre était taché de sang. Il rangea son épée dans son fourreau et vint le secourir. Enfin secourir... Il assit l'homme au sol, en le portant sous les aisselles. Il était aussi léger qu'une plume, le sous-lieutenant senti presques ses côtes en le soulevant.
Il posa une main amicale sur l'omoplate de l'inconnu et examina sa blessure.

- Pardieu, que vous est-il arrivé ?!

L'officier était descendu de son cheval et avait redressé Lucius.

"Pardieu, que vous est-il arrivé ?!"

Le nécromancien se réjouissais intérieurement, son petit numéro avait l'air de prendre. Il avait déjà prévu quelques répliques dans sa tête et, le coeur battant la chamade, il repris le rôle dont dépendait sa vie.

"Je... Je cherchais mon frère dans les bois quand un groupe de fous furieux me sont... me sont tombé dessus... Ils m'ont attaché les mains et les pieds et m'ont trainé pendant des jours dans des conditions affreuses... Oh j'ai si faim... J'ai essayé de m'enfuir il y a... je dirais deux jours et... et voilà le résultat... ils m'ont rattrapé et m'ont fait passer l'envi de jouer les filles de l'air... Oh Seigneur, je pensais que je ne ressentirais jamais cette sensation de délicieuse liberté..."

Tout dépendait maintenant de lui. Plus longtemps il retiendrait les soldats et plus il donnerait de temps à ses compagnons pour atteindre la forêt où, pensait-il, ils seraient en sécurité. Il se demandait juste comment cela allait finir. Mais il se faisait confiance, il s'en sortirait forcément.

"Je... Je cherchais mon frère dans les bois quand un groupe de fous furieux me sont... me sont tombé dessus... Ils m'ont attaché les mains et les pieds et m'ont trainé pendant des jours dans des conditions affreuses... Oh j'ai si faim... J'ai essayé de m'enfuir il y a... je dirais deux jours et... et voilà le résultat... ils m'ont rattrapé et m'ont fait passer l'envi de jouer les filles de l'air... Oh Seigneur, je pensais que je ne ressentirais jamais cette sensation de délicieuse liberté..."

Ulderick fronça les sourcils. Il avait envie de croire ce malheureux, il semblait vraiment avoir été malmené. Cependant ce dernier sentait aussi le mauvais alcool à plein nez, et son récit quelque peu décousu embrouillait les esprits.

* Il est bourré... Ca doit être un clodo qui s'est fait attaqué par cette bande de fils de Satan... Je pourrais pas avoir d'informations claires de sa part. *

- On va vous amener au village le plus proche, où vous pourrez recevoir des soins digne de ce nom monsieur... monsieur ?

Lucius n'avait pas le sentiment de sentir encore l'alcool ou même d'avoir l'air un peu confus. En réalité, il croyait crédible de prétendre être ce que, finalement, il était, un noble et, au delà de tout, il pensait ne pas être connu du commun des soldats de l'Empire, ce qui, globalement, était le cas.

"Monsieur Lucius de Mortis, compte de Mortis et de Balthor, vassal de sa majesté le Saint Empereur... Pour vous servir, officier... officier... ?"

Pour le nécromancien, proclamer son nom officiel était non seulement une fierté mais aussi un moyen intelligent de détourner l'attention de ses amis : Si les hommes le prenaient pour un noble important, ils n'hésiteraient pas à l'escorter ou tout du moins à envoyer une missive de confirmation à leurs supérieurs, ce qui ne pouvait être que long.

Ulderick écarquilla les yeux. Un noble de Mataniel ! Mieux vallait se tenir à carreaux. Si il s'occupait bien de ce compte de Mortis, peut-être ce dernier parlerait-il en bien du sous lieutenant. Et peut-être deviendrait Lieutenant.

* Arrête de rêver et bouge, crétin ! *

Ulderick se releva et fit signe à la jeune recrue qui gardait son cheval de l'amener ici.

- Nous allons vous occuper de vous Monseigneur, vous prendrez ma monture. Navré si je vous ai bousculé, par les temps qui courrent, on est que trop prudent.

Il attrapa les rennes de son cheval et tendit la main vers Lucius de Mortis pour le relever.

- Je suis le sous-lieutenant Ulderick Owen, mes hommes et moi vous escorterons jusqu'à des autorités plus puissantes.

Le déballage de titre avait fait son effet : l'officier semblait avoir complètement oublié les "brigands", les yeux rivés sur de nouveaux galons ou tout du moins sur des félicitations pour le sauvetage d'un personnage important. Néanmoins, Lucius savait une chose : si cette soldatesque ne le connaissait pas, ce n'était probablement pas le cas de ces "autorités plus puissantes". Peut être même que l'inquisiteur qu'ils avaient croisés dans le village qu'ils avaient brûlés était derrière tout ça. Il était plus que clair pour le nécromancien qu'il devait se faire la malle le plus tôt possible.

L'homme fît approcher son cheval par un subalterne et dit :

"Nous allons vous occuper de vous Monseigneur, vous prendrez ma monture. Navré si je vous ai bousculé, par les temps qui courrent, on est que trop prudent. Je suis le sous-lieutenant Ulderick Owen, mes hommes et moi vous escorterons jusqu'à des autorités plus puissantes."

Il tendait à présent la main à Lucius pour l'aider à se relever. Celui-ci attrapa vigoureusement la main et se releva, le visage crispé par la douleur.

"Ouch... Me... Merci infiniment messire... Je dois... néanmoins vous demander un instant. Pour être honnête... Hum... En réalité je ne sais comment exprimer cela mais... Ces maraud ne me laissaient pas la liberté d'aller évacuer l'eau croupie qu'ils me faisaient boire alors je me demandais si avant de partir vous pourriez éventuellement me laisser un instant pour aller derrière un arbre..."

Encore une fois, Lucius avait un plan en tête et espérait bien que celui-ci réussisse, néanmoins, ce n'était pas la seule chose qui trottait dans la tête du jeune homme. Ce nom, Owen. Il l'avait déjà entendu quelque part... Mais où?

"Ouch... Me... Merci infiniment messire... Je dois... néanmoins vous demander un instant. Pour être honnête... Hum... En réalité je ne sais comment exprimer cela mais... Ces maraud ne me laissaient pas la liberté d'aller évacuer l'eau croupie qu'ils me faisaient boire alors je me demandais si avant de partir vous pourriez éventuellement me laisser un instant pour aller derrière un arbre..."

Ulderick acquieça et siffla en agitant la main pour rassembler ses hommes. Pauvre Lucius de Mortis, il avait vraiment été malmené.

- On doit amener monsieur le comte à nos supérieurs. AUCUNE bavure ne sera tolérée ! Seth ! Accompagne ce seigneur à un arbre. Surveille-le en tachant de lui laisser un minimum d'intimité.

Puis il se retourna pour donner des directives plus précises à ses hommes.

Lucius ricanait intérieurement. Si ce n'était pour cette bleusaille qui devait le suivre, le plan du nécromancien aurait fonctionné à la perfection. Il interprétait cette présence comme un signe de méfiance de la part des soldats et il n'aimait pas ça. Peut être tout cela n'était il qu'un grand piège? L'heure n'était pas à la paranoïa, l'heure était à l'action. Le voleur improvisé acteur remercia les soldat sobrement et allât, accompagné par le fameux Seth, derrière un arbre à distance respectable du groupe. Cela dit, il n'avait pas choisit cet arbre particulièrement pour sa distance idéale des soldats (assez près pour être surveillé facilement par les soldats mais également assez loin pour ne pas être trop visible), il l'avait choisit parce que le chemin qui y menait passait exactement par l'endroit où Lucius avait lancé sa bourse et son épée.

Il n'avait pas une idée précise de l'endroit où se trouvait les deux objets, mais en marchant, il scannait la zone d'un regard précis et fini par retrouver son équipement. Il le localisa mais ne s'arrêta évidemment pas pour le ramasser. Cela aurait été bien trop suspect, et Lucius était beaucoup plus subtil que ça. Sous étroite surveillance, il allât soulager ses besoins naturels derrière le fameux arbres en réfléchissant à ce qu'il allait faire et en pensant avec plaisir :

*Si ils savaient quelle genre d'eau croupie j'ai bu hier, ils feraient une drôle de tête héhé!*

C'était terminé. Le nécromancien remballa l'artillerie lourde et s'apprêta à agir. En revenant, il marcha à desseins sur l'épée et trébucha avec une certaine grâce pour tomber rudement sur le sol. La douleur fût réelle, mais l'heure n'étais pas à la plainte, l'heure était au grand spectacle. Mimant une difficulté à se relever, le jeune homme se redressa immédiatement sur ses deux mains, posant sa main gauche sur la bourse gonflée, et, mimant la douleur, mis la main à son flanc et retomba d'un seul coup. Il profita que son corps et les herbes drues cachât sa main pour glisser sa bourse dans la poche intérieur de sa cape et se releva sur un genoux, cette fois pour de bon.

"Je suis désolé... Il y a une épée ici... Elle a l'air trop travaillée pour appartenir à des paysans..."

Faisant mine de l'analyser, le jeune homme la pris sur ses deux mains et la contempla sous toutes les coutures. Il avait initialement prévu de faire croire que c'était la sienne, mais la beauté de la garde le rappela à la terrible réalité : Sur cette épée était gravé l'écusson des Imaliens... Dire que c'était la sienne, c'était se griller définitivement. Il la reposa et se leva complètement.

"Je crois qu'elle leur appartiens... Il y a... ce sang..."

Le pauvre Seth regardait vaguement le paysage pendant que le compte se soulageait. Lui non plus n'auait pas craché sur un arbre mais il avait quand même un minimum d'intelligence : rejoindre le noble et aller pisser en racontant des blagues graveleuses sur les femmes ne serait surement pas apprécié par le sous lieutenant... Il se contentaa donc de croiser les bras dans le dos en bayant aux corneilles.

Lorsque Lucius de Mortis tomba, le soldat se tétanisa. Hé merde, voilà la première bavure.

"Je suis désolé... Il y a une épée ici... Elle a l'air trop travaillée pour appartenir à des paysans..."

- Ah... Ah ! Oui, oui je-je vais prévenir... Sous- lieutenant !!! cria faiblement Seth.

Ulderick releva le nez. Seth lui faisait de grands signes. Le militaire blond soupira et alla le rejoindre. Le noble s'était visiblement cassé la gueule puisqu'il se relevait. Il jeta un regard noir à son subalterne, réservant le sermon pour plus tard.

"Je crois qu'elle leur appartiens... Il y a... ce sang..."

Owen ramassa l'épée et regarda la garde. Il fronça les sourcils. C'était peut-être ça aussi une manie dans la famille Owen...

- Cette épée vient Taâk'in, du siège Imalien. Ils étaient donc là bas... sûrement pour le tournoi, il y avait des affiches partout. En tout cas is en sont sorti avant que Mataniel attaque.

Ulderick fit une courte pose, réfléchissant à plein régime. Puis il planta ses yeux verts dans ceux de Lucius.

- Vous êtes sûr et certain que cette épée était à eux ? C'est une information importante que vous nous donnez là.

Quand Lucius vit Ulderick froncer les sourcils, il comprit. Il était le portrait craché de Llyk, et pour autant que le nécromancien s'en souvienne, il portait le même nom qu'elle. Cela dit, il se méfia. La probabilité pour qu'ils aient été de la même famille était très faible. Il fallait la jouer finem...

"Cette épée vient Taâk'in, du siège Imalien. Ils étaient donc là bas... sûrement pour le tournoi, il y avait des affiches partout. En tout cas is en sont sorti avant que Mataniel attaque. Vous êtes sûr et certain que cette épée était à eux ? C'est une information importante que vous nous donnez là."

Le supposé frère de Llyk avait interrompu les éternels interrogations inutiles du nécromancien. Celui-ci avait le regard dans le vide et, surpris, bredouilla rapidement une réponse.

"Hé bien... Je... ne saurais pas le jurer bien sûr, mais je crois que la probabilité pour qu'une épée ensanglanté comme l'est celle là soit trouvé dans le campement de meurtriers en fuite et n'ai aucun rapport avec eux est très faible... De toute façon, et Dieu en soit remercié mille fois, je n'ai que rarement eu l'occasion de voir leurs armes de près, et ceux grâce à vous, messire Owen."

C'était décidé, il fallait en avoir le coeur net. Lucius se releva d'un seul coup et tenta un coup de poker.

"Owen... Owen... Vous allez trouver ça bizarre, mais il me semble... qu'un d'entre eux... portait ce nom... Llyk... Llyk Owen..."

Ulderick oublia tout d'un coup les explications fumeuses de Lucius de Mortis. Llyk Owen. Ce prénom résonna comme un coup de tonnerre dans sa tête. Il resta quelques secondes totalement immobile, les yeux écarquillés et la face stupéfaite.

Puis les mots commencèrent à se lier entre eux. Llyk, sa soeur, sa soeur qu'il avait abandonné serait devenue une hérétique sanguinaire ?! Non, ce ne pouvait être possible. Llyk était à Mataniel, avec leur père s'il était encore en vie. Peut-être avait elle gagné de l'argent et avait trouvé un bon métier, voire même un mari. Llyk avait toujours été jolie, bien que malpolie.

Mais si tout cela était vrai ? Si Llyk avait quitté Transdiïr ? Si elle avait tué des gens, en salissant le nom de Dieu ?

Ulderick s'approcha de Lucius au plus près, le dominant de toute sa taille, et baissant les yeux pour lui parler.

- Il vous "semble" que Llyk Owen, ma seule et unique soeur, fait partie de cette troupe de malades ?! Il vous "semble" que Llyk soit devenue une meurtrière ? Soyez sûr de vous lorsque vous dites des choses aussi graves...

Sa voix naturellement grave était devenue rocailleuse. De toute évidence, Lucius avait touché un point sensible.

L'ambiance venait de changer radicalement. Tout se passait encore mieux que Lucius ne l'aurait prévu. En vérité, tous tombaient les masques. Ulderick n'était plus respectueux du tout envers le pauvre martyr et ce dernier ne bredouillait plus. Il ricana comme à son habitude, se tourna en haussant les épaules avec un certain dédain pour l'officier et lui dit d'un ton rieur.

"Faites partir la soldatesque, je crois qu'il est temps que vous et moi parlions avec franchise de votre soeur et de sa bande!"

Ce faisant, Lucius éclata à nouveau de rire et se tourna à nouveau face à l'officier, attendant visiblement que les témoins s'éloignent pour pouvoir parler franchement d'homme à homme avec Ulderick Owen.

Ulderick serra les poings. Visiblement, le petit Lucius en savait plus que prévu. Il regarda Seth et fit un mouvement de tête qui signifiait "Dégage !".

- Allez, hors de ma vue ! ordonna Owen.

Le soldat s'en alla sans demander son reste. Ses camarades étaient visiblement en train de ricaner, et il voulait en être.

Le sous lieutenant s'éloigna de Lucius et le regarda, bras croisés et sourcils froncés, attendant une explication.

Lucius fixa Ulderick, reprenant son sérieux. Il ne savais pas par où commencer. Etre trop brutal pouvait être trop dangereux. Il hésita une seconde et finalement, se décida.

"Ecoutez... Votre soeur, Llyk, est bel est bien membre de ce groupe, néanmoins... Ce ne sont pas des hérétiques sanguinaires. Et d'ailleurs, si ce groupe a commis des meurtres, ce qui est indéniable, je jure que jamais votre soeur n'a entaché ses mains de sang. En vérité... Ce groupe est un groupe d'hérétiques en fuite composé de deux elfes et d'un nécromancien que votre soeur à rejoint parce qu'elle était encore plus démunie qu'eux. Comme vous l'aurez peut être compris, je suis membre de ce groupe, seigneur Ulderick, je suis un mage puissant, aussi je vous conseille de vous contenter de m'écouter jusqu'au bout, personne ici ne veut que cela tourne mal, n'est-ce pas?"

Il s'arrêta une seconde pour rassembler ses pensées qui partaient un peu dans tout les sens et repris.

"Vous semblez aimer votre soeur... Ne vous inquiétez pas pour elle, elle est en sûreté maintenant. Ne croyez pas ce que l'on vous dit sur nous. Nous sommes les victimes, pas les bourreau.

Ulderick tentait tant bien que mal de digérer ce qu'il venait d'entendre. Sa soeur était hérétique et elle était pourchassée par la justice. Elle était en compagnie de tueurs. Et il se trouvait en face d'une de ses proies.

Il deglutit.

- Je vous croit. Du moins sur le fait que ma soeur n'ai tué personne. Elle en serait incapable, je le sais. Mais vous... Des victimes ? Pour moi les vrais victimes sont ces personnes que vous avez brûlées vives dans les auberges. Cet homme énorme tué de centaine de coups de couteaux dans le dos. Pourquoi les avoir tuées ? Les fautifs dans l'histoire, c'est vous non ? Vous ne savez pas contrôler vos putains de pulsions d'hérétique !

Il tournait à présent en rond, furieux. Jetant des regards emplits de haine à Lucius, sans pour autant l'approcher.

Les mots de l'homme frappèrent Lucius. Ils le mirent face à ce qu'il était, un monstre inhumain et froid, en tout cas, lorsqu'il faisait appel à ses pouvoirs. Le nécromancien ne le laissa cela dit pas paraître plus d'un quart de seconde, se rattrapant avec un énième ricanement.

"Vous êtes bien renseignés, soldat, cela ne fait aucun doute. C'est à se demander depuis combien de temps vous nous suivez. Néanmoins, et bien que vos propos soient sensé, vous oubliez de vous poser une question essentielle. Les elfes ne feraient pas de mal à un mouche, et votre soeur non plus. Qui donc a pu commettre toutes ces exactions? Pourquoi les as-t-ils commisent? Enfin et finalement, pourquoi suis-je ici et n'ai-je pas fuis comme les autres?"

Le jeune homme ne rigolait plus, il regardait maintenant son interlocuteur d'un regard froid et sérieux.

"Ceux qui ont fait coulé le sang, ce ne sont pas ces innocents, c'est moi, et je l'ai fais parce que ce monde ne fait pas de cadeaux à ceux qui choisissent de ne pas suivre la route tracé par l'autorité! Je l'ai fais pour protéger votre soeur pendant que vous la traquiez comme un animal pour des accusations infondée, je l'ai fais pour me nourrir, pour survivre, et surtout, pour être respecté. Si vous ne nous chassiez pas et nous laissiez en paix, alors nous n'aurions pas à lutter chaque jour, nous, mendiants et impies, contre vous, un ennemi bien trop puissant pour nous et surtout, bien trop puissant pour être combattu dans les règles! Néanmoins et après ces belles paroles pleines de bon sens, je pense que vous ne vous considérez pas comme disposé à me laisser vivre la vie que j'ai souhaité vivre sans combattre, n'est-ce pas? Cette conversation se finira donc sur une effusion de sang de plus que vos supérieurs pourrons ajouter sur les affiches qu'ils collent partout et où je suis décris comme l'incarnation d'une démon, non? Le choix vous appartiens, soldat."

Lucius savait très bien que ses chances en cas de conflit était faibles, et son coup de bluff pouvait complètement échouer et le mettre dans le genre de situation dramatique où il se glissait tout le temps, à la différence près que cette fois, Llyk, Aramis et Pierre ne seraient pas là pour l'en sortir.

Une légère brise fit plisser les yeux du militaire. Putain d'enflure. Il écouta Lucius parler avec attention et dégoût. Néanmoins il ne se saisit pas de son épée.

- Nous sommes des soldats, nous obéissons aux ordres de nos supérieurs et de Dieu. Comment aurais-je pu savoir que ma soeur avait perdu la foi en mon absence ? Comment aurais-je pu savoir que son ami n'était qu'un violeur de tombes ?! Parce que si mes déductions sont bonnes... T'es le nécromancien, Lucius de Mortis. Llyk le sait ? Putain de merde...

Ulderick soupira. Il passa une main dans ses cheveux et réfléchit.

- J'aurais mille raisons de te buter ici et maintenant.

Il tourna en rond jetant des regards mauvais à ses hommes.

- Mais je n'en ferai rien. Tu as veillé sur Llyk et tu m'empêche de l'emmener à la potence. Je ne relèverai pas tes réflexions. Si tu avais été un plus fervent admirateur de Dieu, tu n'en serai pas à fuir le monde, Lucius de Mortis. Tu n'aurais rien à te reprocher.

Le vent se levait légèrement et le soleil était maintenant haut. Il devait être midi. Peut être quatorze heure. Lucius n'avais pas faim. Il était concentré sur cette discutions qui l'intéressait d'autant plus qu'il savait que son issue déciderais de la vie ou de la mort de douze personnes.

"Nous sommes des soldats, nous obéissons aux ordres de nos supérieurs et de Dieu. Comment aurais-je pu savoir que ma soeur avait perdu la foi en mon absence ? Comment aurais-je pu savoir que son ami n'était qu'un violeur de tombes ?! Parce que si mes déductions sont bonnes... T'es le nécromancien, Lucius de Mortis. Llyk le sait ? Putain de merde... J'aurais mille raisons de te buter ici et maintenant. Mais je n'en ferai rien. Tu as veillé sur Llyk et tu m'empêche de l'emmener à la potence. Je ne relèverai pas tes réflexions. Si tu avais été un plus fervent admirateur de Dieu, tu n'en serai pas à fuir le monde, Lucius de Mortis. Tu n'aurais rien à te reprocher."

Le jeune nécromancien pris une profonde inspiration, ferma les yeux une seconde et les rouvris, plus sûr de lui que jamais.

"J'ai été élevé comme admirateur de Dieu, Ulderick Owen, jusqu'à ce que des soldats serviles comme vous envoi ma famille sur le bûcher pour des accusations infondées. Votre inquisition fait de vous ses chiens de guerre, peut être un jour t'en rendra tu compte... Oh, une dernière chose! Cette épée, là... elle est mienne. En tout cas, depuis que son propriétaire a rejoint Dieu... Serait-ce trop te demander que de te demander de me la rendre?"

Sans attendre de réponse, Lucius pris ce qui lui appartenait. Ulderick ne résista pas.

"Je vais à présent aller rejoindre votre soeur et essayer de la mettre à l'abri de vos semblables. Je vous souhaite bonne chance, sous lieutenant. Je veillerais sur elle, ne vous inquiétez pas, et un jour, je vous le jure sur votre Dieu si cher, je vous la ramènerais sur le pas de votre porte avec de l'or et de beaux atours. Adieu, messire Ulderick."

Le nécromancien se retourna et commença alors sa marche vers les bois sous les yeux surpris des soldats qui ne comprenaient pas ce qui avait bien pût se dire.

Lucius reprit son épée et jura de s'occuper de Llyk. Ulderick le laissa partir et lui dit :

- Si il lui arrive malheur, je te transperce les couilles.

Il était à peu près sûr qu'il avait entendu. Ulderick secoua la tête et retourna auprès de ses hommes. Tous le regardaient médusé, voyant que le comte s'en allait.

- C'est bien ce que je pensais, c'est qu'un pauvre type bourré ! ricanna-t-il. On retourne au campement le plus proche, on a besoin de manger un repas digne de ce nom et de dormir.

Ulderick monta sur son cheval et prit la route. Il méditait sur les paroles du nécromancien. Ainsi ils n'étaient pas foncièrement mauvais ces hérétiques. Il avait bien du mal à le concevoir. Mieux vallait réfléchir à tête reposée, et éloigner ses imbéciles de subalternes de sa soeur. Dieu seul sait ce qu'ils lui ferait, et Ulderick ne voulait surtout pas qu'il lui arrive la moindre égratignure.

» Pépère dans les bois [ TERMINÉ ]
» Un, deux, trois, nous allons aux bois! [Terminé]
» Traquons-les dans les bois, pendant qu'les soldats sont là... [Terminé]
» Promenons nous dans les bois
» Déambulation [Terminé]