La barrière de la langue

[Avant toute chose, j'aimerais vraiment m'incliner devant ta capacité à déduire ce que j'entendais dans mon titre de sujet, je pense que peu y aurait songé! ]

Alors que Lucius cherchait à manger car son estomac, déjà réhabitué à la ripaille, criait famine, il eu la surprise de trouver dans un buisson non pas des fruits mais une flèche, suivie de son arc, suivie de son elfe, suivie de ses camarades. Le nécromancien, fatigué et affamé, qui rêvait de rencontrer un humanoïde amicale le plus tôt possible, regretta son souhait. Son premier réflexe fut de reculer immédiatement d'un pas, ce qui lui permis de se rendre compte que son nouveau compagnon n'était pas venu seul.

"Ala's neïri simias kelen marisk ?"

Le jeune noble déchu réalisa soudain son erreur la plus stupide depuis bien longtemps. Les sylvains de parlaient pas humain, et il l'avait complètement oublié. Il aurait pu demander à Aramis de lui enseigner les bases, mais là, c'était trop tard. Tentant dans un premier temps d'éviter de se faire trouer le crâne par une des plus belles flèches d'Urgôn, Lucius leva les mains au niveau de sa tête pour montrer qu'il n'avait nulle intention de prendre une arme. Que faire de plus? Tenter de discuter avec son "agresseur" si l'on pouvait appeler l'elfe ainsi?

"Euh... Paix! Je viens en paix! Baisse ton arc! Je suis un ami... Aramis Kaï! Yramias! ... Paix?"

Priant pour que cette pathétique tentative diplomatique aboutisse à quelque chose et mettant beaucoup d'espoir dans le nom d'un village probablement inconnu de la majorité des elfes et du nom de son chef, probablement encore plus inconnu que le village lui même, Lucius tentait de se rassurer en se répétant compulsivement en pensé que si ces elfes avaient voulu le tuer, ils l'auraient fait depuis un moment.

[ Roh ]

Le forestier fronça les sourcils lorsque Lucius tenta de lui adresser la parole, une lueur de malice pétillant dans ses yeux azur. Puis, lorsque le nom d'Aramis fut mentionné par le nécromancien, un sourire interrogateur apparut sur le visage du sylvain.

Parlant à Lucius en elfique, il attrapa non loin de lui une brindille, petit bout de bois mort qui faisait tache au milieu de cet ode à la vie qu'était le Bosquet d'Andryël.
Puis il s'agenouilla devant le jeune homme, lui intimant d'un geste impérieux qui ne trahissait aucune controverse de faire de même.
Il racla le sol de sa main libre, puis se mit à dessiner en parlant lentement.

Il pointa Lucius du doigt, puis, dans le même temps dessina un squelette dans la terre rendue meuble. Ensuite, le forestier posa la main sur son coeur, sourit à Lucius, pointa le coutelas qui était accroché à sa ceinture, et désigna l'arme de Lucius.

L'elfe tendit la main, attendant visiblement quelque chose de la part du jeune homme, son regard planté dans les yeux du nécromancien.

L'elfe frissonna un instant au contact de la main de Lucius. Néanmoins, son message était passé, aussi sourit-il jusqu'à en découvrir ses dents, d'un blanc immaculé.

Puis, d'un signe de la main, il invita le nécromancien à le suivre. Accompagné des autres forestiers et de leur invité, Kerïn s'enfonça sous les frondaisons, dépassant à chaque instant des arbres sans âge.
Il allait mener Lucius dans leur village afin qu'il rencontre leur sage.

Silencieux, il avançait à travers les buissons, avec une prestance unique aux elfes. Pourtant, en observant son visage, on pouvait s'apercevoir qu'il était perpétuellement aux aguets.

Ils arrivèrent enfin à proximité du village, mais c'était sur et certain, Simedän était sur la défensive. Les maisons dans les arbres, les ponts dans les branches, rien ne semblait pourtant troubler le calme apparent. Mais au sol, des barrières d'épines avaient été dressées, et des soldats elfes guettaient aux extrémités de la ville.

Une des patrouilles s'avança vers le petit groupe.

"Herïm aras Lucius Mortis. Azel erim khaan !" dit Kerïn au soldat, qui, à première vue, était le capitaine de cette partie du guet.

L'individu s'écarta et laissa les forestiers passer. Enfin, les soldats laissèrent Kerïn et Lucius seuls, qui étaient à présent entrés dans un arbre, qui, bien que vivant, avait vu un escalier naturel se former à l'intérieur de son tronc.

Après avoir gravi pendant plusieurs minutes les marches en colimaçon, le tronc s'agrandit de manière étrange, laissant place à une grande salle, décorée avec sobriété. Au milieu de cette salle, assis sur un tapis d'herbe, un elfe, attendait, seul. Comme tous ceux de son espèce, il était impossible de déterminer son âge, mais sa barbe et ses cheveux argentés trahissaient plusieurs siècles d'existence. Ce fut avec un fort accent qu'il s'adressa au jeune homme.

"Bienvenue en ces lieux, dernier des Mortis. N'aie pas peur, approche."

Le forestier, plaquant une main dans le dos du jeune homme, le poussa doucement en avant, et secouant la tête en signe d'assentiment, tenta de lui faire comprendre qu'il pouvait avancer sans crainte.

[C'est l'interpretation que je me fait de cet énigmatique "petite... chambre", si ça pose problème, hésitez pas à le faire savoir, boss!

Lucius salua d'une rapide révérence et suivit le soldat elfe jusqu'à son logement. On ne lui rendrait son arme qu'à sa sortie du village, et en réalité, Lucius ne se sentait pas tellement en sécurité. Il avait néanmoins toujours sa dague et personne ne semblait être au courant, ce qui pourrait lui donner un certain effet de surprise. Il se demanda brusquement pourquoi le vieil elfe ne la lui avait pas demandé et il se dit que probablement, il savait que le jeune homme n'en ferais pas un mauvais usage. Ou alors tout cela n'était qu'un grand piège. Peu importait. En marchant, Lucius ne pût s'empêcher de parler au forestier comme si de rien n'était, cela l'amusait beaucoup.

"Alors... Toi tu... t'appelle comment? Moi c'est Lucius... Ouai... Il est sympa ton village, vraiment! Les arbres, les potagers, les vieux, tout ça... Hum? A Teroal, y'a une grande ville, Taâk'in, qui ressemble un peu. A la place des arbres on a de grandes auberges puantes par contre... Ah et puis on a des tonnelets de bière immenses! Grand comme... comme un elfe! Et puis à la place des p'tits vieux on a des put... Ah, on... on est arrivés?!"

L'elfe c'était arrêté en face d'un hamac de feuilles tressées, somme toutes assez joli même si Lucius c'était attendu à mieux. Il regarda son accompagnateur avec un air interrogateur en désignant le hamac du doigt. L'elfe lui confirma d'un signe de tête que s'était ce qu'il pensait. Le jeune homme était déçu mais comme il avait déjà vécu bien pire, il s'assit sur le hamac en regardant l'elfe s'éloigner et constata que finalement, sa couche était plutôt confortable. Il s’allongeât, la tête sur son coffre pour s'assurer qu'on ne le volerais pas. A travers la canopée, il pouvait voir le ciel orangé et il se dit que pour la première fois depuis longtemps, il était en sécurité et n'avait rien à craindre. A coté de son hamac, on avait disposé une couverture de toile, elle était propre et sentait les fleurs, Lucius était heureux. Ne sachant que faire (cela faisait un moment qu'il ne s'était pas couché tôt ou même sobre), il pris le livre de son oncle et l'ouvrit.

Le livre était visiblement une sorte d'autobiographie. Et pour autant qu'il le savait, ça n'était pas celle de son oncle. C'était l'histoire d'un homme, un jeune érudit pauvre de Kalencia. Un jour par hasard, il avait rencontré un vieil homme qui c'était révélé être un nécromancien. Il partirent ensemble sur les routes et s'initiaient aux pouvoirs malsains de la nécromancie sur des cadavres volés dans des cimetières. Lucius n'en lut pas plus. Il était fatigué et, après avoir reposé son livre, s'endormit.

Il ne rêva pas. Trop fatigué. Néanmoins, quand il se réveilla, la surprise pour lui fût telle qu'il en tomba du hamac. Pendant quelques minutes, il avait oublié où il était. Étendu ventre à terre dans la poussière, il releva la tête pour se relever mais resta fixé de surprise. Les elfes. Toujours au sol, il se rendait compte de toutes les merveilles qu'il avait manqué la veille. Leur village était loin d'être classique. Certe les cabanes classiques qu'il avait vu la veille étaient bien là, mais tout les arbres semblaient avoir été aménagés pour être transformés en maison. Les sylvains qui passaient le regardaient comme un monstre. Leur peau pâle, leur corps élancé et leurs oreilles pointus dépassant de leurs cheveux blonds, était finalement plus qu'impressionnant. Un peu honteux qu'on le regardâtes en pareille position, l'homme se releva. On ne lui avait rien volé. Impensable chez les Hommes. Il lui fallait partir faire un tour, par nécessité bien sûr, mais aussi par curiosité, et, assuré de l'honnêteté naturelle des elfes, il décida de laisser ses affaires ici, les cachant néanmoins sous la couverture.

*L'honnêteté des elfes... Tss, tu parle! Ce cher vieux Bobby est le plus honnête de toutes les personnes que je connaisse héhé!*

Cette pensé pour son ami le prince des voleurs lui rappela de ne pas oublier sa dague. Il la tira de son coffret, la mis dans son pantalon et fit passer sa tunique par dessus pour être sûr qu'on ne la verrais pas. Finalement et plutôt assuré, il s'éloigna de son camps de base, en s'assurant de bien mémoriser son chemin. Il marcha dans le village, attirant les regards, et rougissant de honte d'être si sale et laid parmi toutes ces belles créatures. Les femmes elfes étaient superbes. Cheveux blond, noirs, bruns ou roux, superbement coiffés et tombant sur un dos à la cambrure somptueuse, Lucius pleura qu'aucune de ces sylvaines n'avait de chance de passer une nuit dans son hamac.

Ce que cherchait le nécromancien était simple : magasin, échoppe, et surtout, un éventuel cours d'eau à suivre pour se laver discrètement hors du village.

[Description faite d'une main de maître, tu peux poursuivre ]

[Moi qui trouvait pas ça terrible, j'suis assez content que ça plaise au patron! (Mange toi ça, Eldounet!! )]

Lucius ne devait pas être passé dans le bon quartier du village puisqu'il ne tomba sur aucun commerce classique. En vérité, et bien que cela ne l'ai pas surpris outre mesure, il ne trouva ni commerce, ni taverne, et bien sûr, pas une seule maison de tolérance. Il fallait reconnaître que ce village, bien que beau et exotique, ne valait pas un bon vieux village de Teroal du coté des divertissements. Néanmoins cette promenade ne fût pas vaine puisqu'elle permis au jeune nécromancien de se rendre compte que ce village finalement n'était pas si petit que ça. Simplement, il se fondait tellement dans la nature qu'il était difficile de se rendre compte de sa taille de prime abord. Elle lui permit aussi de trouver un endroit où se laver. En effet, une petite rivière traversait le village, surplombé par un pont taillé dans un chêne immense. En vérité, la première chose à laquelle pensait l'homme en voyant cette rivière ne fût pas le bain qu'il pourrait prendre, mais surtout comment un arbre avait pût pousser au dessus d'un cours d'eau. Il se demanda alors si les elfes détournais les rivières? C'est à ce moment là qu'il se rendit compte qu'il s'en fichait complètement.

Il jeta un regard à droite. Un regard à gauche. Personne ne regardait. Il en profita pour tremper son doigt dans l'eau. Elle était fraîche mais pas glaciale, s'y baigner devait être relativement agréable. Surtout, elle était pure et limpide. Bien plus que les autres rivières dans lesquelles le nécromancien c'était baigné jusqu'à présent. Il décida de remonter son cours jusqu'à ce qu'il soit dans la forêt, sans personne pour le regarder.

Après une dizaine de minute de marche, Lucius arrive dans un endroit qu'il jugeât acceptable. Un coin de rivière où les berges étaient cachées par du roseau et où néanmoins, le soleil perçait assez pour faire briller l'eau comme du diamant liquide. Encore une fois, le jeune dernier des Mortis scruta les alentours pour être sûr d'être seul, puis accrocha ses vêtements à une branche et entra dans l'eau. Elle était vraiment fraîche et il partageait son bain avec un drôle de ragondin qui coupait du roseau, mais sa clarté était si pure qu'il se sentait propre rien qu'à l'idée d'y passer une minute. En réalité, une fois qu'il eut fini, il s’allongeât dans l'eau, appuyé sur la berge, et regarda à nouveau le ciel. Dans ces bois, il était tellement rare qu'il semblait être plus beau qu'ailleurs. Finalement, il se surpris même à observer le ragondin. Il le trouvait beau finalement. En temps normal, il lui aurait sauté dessus pour l'égorger tant il avait faim, mais le moment était si beau qu'il avait oublié que ses dents étaient si longues qu'elles pouvaient rayer le sol. Tout allait bien. Après une bonne demi-heure de relaxation, il s'apprêta à sortir. Il poussa les roseaux pour remonter sur la terre ferme, mais quelque chose d'inattendu arriva. Une elfe était là, à demi nue, aillant visiblement eut le même coup de foudre que lui pour cette endroit. Le jeune homme faillis tomber à la renverse. Il resta fixé un instant sur cette beauté, et quand il vit qu'elle l'avait remarqué, il referma le rideau de roseau et s’écriât, sans penser une seule minute qu'elle ne comprendrait sûrement pas :

"Je suis désolé! Je... suis désolé!"

Toujours sous le choc, le jeune homme imagina une panoplie de situation toutes plus horrible les unes que les autres. Et si cette elfe était la fille du chef et que, hors de lui, celui-ci le faisait éventrer sur la place publique pour se venger? Ou en tout cas le chassait? Et si elle était venu avec un congénère et que celui-ci engageait un combat avec le jeune homme pour lui faire payer son outrecuidance?

*Lucius, tu es un paranoïaque...*

Comme rien ne se passait, Lucius se rappela de l'aisance d'Aramis face à sa nudité. Et si finalement, ça ne la choquait pas plus que ça?

"Vous êtes visible? Je peux sortir?"

[ Scène bucolique x) ]

Alors que Lucius, dans sa tenue d'Adam, sortait des roseaux, la jeune elfe allait prendre son bain, désirant profiter un peu du calme qui régnait en ces lieux. Lorsqu'elle vit le jeune homme, un air interrogateur se peignit sur son visage, puis elle éclata de rire, alors que le jeune homme s'était de nouveau caché dans les roseaux.

Elle ne comprenait aucun mot de ce qu'il disait, mais ce dont elle était sûr, c'est qu'il était surpris.

Toujours en riant, elle finit par enlever le reste de ses vêtements et plongea dans l'eau, faisant comme si Lucius n'était pas là.

S'allogeant à demi, elle récita une petite poésie elfe, avec douceur, un son mélodieux s'échappant de ses cordes vocales.